lundi 30 mai 2011

Google Goggles, concombre, confiance, et traçabilité

Ce blog s'ouvre au moment où Goggles, de Google, va se généraliser sur mobiles et tablettes, permettant aux consommateurs et professionnels, par le biais de la caméra intégrée, de reconnaitre les formes, les textes et codes qu'elles contiennent, et où un simple concombre non indentifié provoque un début de panique en Europe.
Dans ce monde qui passe du réel au numérique (et de l'informatique au numérique), dans lequel progressivement les machines voient et entendent, il est loin, le temps où le producteur et le marchand étaient connus du consommateur, lui inspirant la confiance nécessaire. Désormais, on le découvre avec effarement, il est des cas où personne ne sait d'où viennent les produits, et les transformations qu'il a subies.

L'infection de concombres allemands (qui se révèlent en quelques jours espagnols) est le dernier exemple en date des conséquences de cette rupture. Les consignes tentant de décrire les légumes qu'il ne fallait pas acheter sous peine de mort, tout d'abord communiquées localement, mirent quatre longs jours s'étendre à l'Europe, tant il est difficile de les formaliser sans paniquer toute la population, pénaliser la filière fruits et légumes, et jeter au passage l'opprobre sur des exploitants ou distributeurs d'un pays; bientôt sur les politiques qui ne suivraient pas le principe de précaution. Et pendant ce temps, aucun moyen de savoir quels produits sont atteints, où ils circulent, qui en consomme.

Avec la dématérialisation et la conscience de plus en plus vive que de tels problèmes existent, le besoin d'information par des tiers de confiance palliant à ceux disparus, devient crucial.
Des entreprises comme NEC ou Toshiba travaillent sur l'identification à la volée des fruits et légumes, avec des technologies issues de la reconnaissance faciale et des empreintes digitales, mais ce n'est pas encore au point et ne résout qu'une partie du problème.
Reste ce procédé discret, le code à barres, lisible par l'humain comme par la machine, permettant ainsi un double contrôle. Absence de code ou vague analyse de forme? Et c'est l'épisode des légumes espagnols (mais sont-ils espagnols?) qui va se reproduire. Un code illisible par l'homme? Alors la moindre panne de machine interdit toute relation avec le réel.
Reste à ce que le produit corresponde à l'emballage ou à la codification associée, véritable prouesse dans le cas des fruits et légumes. Des emballages spéciaux, des techniques, voire des acteurs tiers issus de la nouvelle économie, peuvent l'assurer.

Demain, quelque soit le produit, le consommateur, conscient que la technologie désormais le permet, exigera de tout savoir sur ce qu'il achète, sa provenance, sa conservation, éventuellement et en temps réel les alertes sur les questions de santé difficilement imputables à tel ou tel, dans une relation de confiance retrouvée avec le producteur et les intermédiaires de la chaîne de distribution. Reste aux acteurs de la chaîne classique et numérique d'implémenter les bons outils.

4 commentaires:

  1. Tout est codable, numérisable. Le Japon l'a bien compris avant nous et Goggles donne actuellement des résultats souvent fiables et parfois trés surprenants, offrant à l'utilisateur une sérendipité tenant non pas nécessairement du hasard mais d'un contexte fait de formes et de couleurs. Deux hypothèses : l'information flottera dans l'air et de multiples capteurs de nos "prothèses numériques" la capteront et la filtreront ou l'information sera beaucoup plus dans les objets qu'il nous conviendra de manipuler. A quand chercher un lieu convivial pour boire un thé se résumera à photographier sa tasse ou son gobelet ? ;-)

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  2. @ Jean-François Cauche
    Toute la question est de certifier un code un produit. Si on laisse faire les moteurs statistiques et la reconnaissance de formes, rien n'est sûr. A moins qu'un tiers de confiance virtuel n'intervienne, avec des règles particulières. On peut faire le parallèle avec les travaux sur l'indexation des livres. Entre tout manuel par des notices et pur statistique, il y a sans doute une voie intermédiaire. Mais avec des produits comme les fruits et légumes, il y a la question de savoir si ce qui est dans l'emballage n'a pas été interverti, si le produit n'a pas été altéré entre production et consommation, où, par quels intermédiaires, etc. ce qui est rarement le problème de la chaine du livre. D'où les commentaires du jour:
    "Les soupçons se sont portés vers des concombres issus de trois cultures espagnoles, dont une ou deux, selon les sources, seraient des cultures biologiques (à Almeria et Malaga). Mais une contamination le long de la chaîne de distribution n'est pas exclue".

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  3. Mille deux cents malades, quatre morts de plus en Allemagne. Les autorités sanitaires veulent étendre l'alerte aux salades.
    Les producteurs espagnols sont furieux qu'on les montre du doigt et prétendent qu'un intermédiaire allemand aurait laissé une palette de produits tomber en cours de route.

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  4. Du concombre allemand on est passé à l'espagnol, pour finalement le disculper, puis à la salade, aux tomates, et aujourd'hui à la viande. Du "lavez-vous bien les mains" à "cuire à cœur". Un exemple d'absolue nécessité d'une traçabilité désormais multi sectorielle...

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